Semaine pour l’action sur l’intelligence artificielle : une conférence internationale au ministère du Travail

Conférence internationale | IA et avenir du travail | Le lundi 10 février 2025

Une conférence internationale sur l’avenir du travail a été organisée le 10 février au 14 avenue Duquesne Paris 7^ème arrondissement, à l’initiative de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, et d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi.

Cet événement rassemblait des représentants du monde du travail, des décideurs ainsi que des experts pour explorer les impacts de l’intelligence artificielle sur la compétitivité, l’emploi, les compétences et les politiques publiques.

Au programme, des sessions dédiées aux enjeux cruciaux de l’IA, notamment la productivité et le capital humain, les conditions de travail et la qualité de l’emploi, ainsi que les défis du recrutement et du management algorithmique. Une table ronde a abordé les implications de l’IA pour les politiques publiques et les entreprises, tandis que d’autres discussions ont porté sur le dialogue social, l’égalité professionnelle et la nécessité d’une IA éthique et digne de confiance dans le monde du travail.

Productivité, compétences et capital humain | Perspectives globales et points de vue Europe – États-Unis

L’intelligence artificielle transforme profondément la manière dont nous travaillons. Cette session analysait la façon dont l’IA influe sur la productivité et l’organisation du travail en étudiant les moyens d’optimiser ce potentiel de croissance et d’emploi. Elle abordait aussi les nouvelles compétences requises et les stratégies de formation nécessaires pour garantir l’employabilité dans un monde du travail en mutation.

Conditions de travail, santé et sécurité, qualité de l’emploi

L’IA modifie non seulement les tâches effectuées par les travailleurs, mais aussi leurs conditions de travail. Cette session explorait les risques et opportunités liés à l’IA en matière de santé et de sécurité au travail, notamment l’impact des algorithmes sur la charge de travail, l’ergonomie et le bien-être des employés. On y discutait également de la qualité des emplois créés ou transformés par l’IA.

Recrutement et management algorithmique

De plus en plus d’entreprises utilisent des algorithmes pour recruter et gérer leurs employés. Cette session examinait les avantages et les limites du management algorithmique, en mettant en lumière les biais algorithmiques, la transparence des décisions et l’impact de l’IA sur la relation employeur-employé.

Table ronde : les défis de l’IA pour les politiques publiques et les acteurs privés

Autour d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi, cette table ronde de haut niveau réunissait Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’Organisation international du travail (OIT), Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne pour la qualité de l’emploi et les droits sociaux, les compétences et la préparation ainsi que les représentants de la Confédération syndicale internationale et de l’Organisation internationale des employeurs.  

Dialogue social et IA

L’intelligence artificielle redéfinit les relations professionnelles et le dialogue entre employeurs et travailleurs. Cette session explorait la façon dont le dialogue social peut s’adapter à ces nouvelles réalités, notamment en matière de gouvernance des algorithmes, de protection des droits des travailleurs et d’inclusion des représentants du personnel dans les décisions liées à l’IA.

Égalité professionnelle et IA

L’IA a le potentiel d’atténuer ou d’amplifier les inégalités professionnelles. Cette session se penchait sur les biais algorithmiques dans le recrutement et l’évaluation des performances, ainsi que sur les solutions pour garantir une IA plus inclusive et équitable, notamment en matière d’égalité femmes-hommes.

Une IA éthique et digne de confiance dans le monde du travail

En clôture de la conférence, des intervenants ont exprimé leur soutien à un engagement collectif en faveur d’une IA respectueuse des droits humains et de la dignité des travailleurs. Ce document d’engagement (pledge) vise à poser les bases d’un cadre éthique pour une intelligence artificielle responsable dans le monde du travail.

Signature du document d'engagement (pledge) en faveur d'une IA digne de confiance dans le monde du travail

Signé à l'occasion du sommet, ce document d'engagement, ou pledge, en a été un important livrable. Par cette signature, les entreprises apportent en effet leur soutien aux derniers documents de référence OCDE/OIT/G7 et se positionnent en faveur d’une croissance inclusive pour les travailleurs et soutenable avec l’IA.

Pour cela, un groupe international d’acteurs permettant des échanges entre pairs, agira en faveur des méthodologies les plus pertinentes pour mesurer l’état des lieux et les évolutions induites dans l’organisation, en partageant quelques exemples concrets d’actions et déploiement d’une IA responsable. L’intérêt est d’induire des démarches de progrès mesurables dans les entreprises, de montrer les bonnes pratiques d’entreprises, car ce sont de manière essentielle les actions des entreprises qui permettront d’améliorer la confiance dans l’IA par leurs salariés.

Lors de la conférence, les réseaux mobilisés en faveur de l’impact social et du dialogue social seront présentés : Impact AI, Positive AI, les entreprises du Global Deal France, ainsi que quelques entreprises adhérentes ont été présentés.

Signataires

Adhérer au pledge : envoyer un message à : Futurework-AI.Summit@sg.social.gouv.fr
To join & being member of the pledge: send a message to:  Futurework-AI.Summit@sg.social.gouv.fr
 

Téléchargement

• Pledge for a trustworthy AI-Work (anglais uniquement) (PDF - 449.79 Ko)
• Engagement (pledge) en faveur d'une IA digne de confiance dans le monde du travail | Fevrier 2025 (PDF - 283.39 Ko)

La charte internationale pour une IA inclusive, portant sur le genre

Le fonds de dotation Arborus présentait une charte internationale pour une IA inclusive lancée en 2020 en partenariat avec le Groupe Orange, avec le haut patronage de Cédric O, secrétaire d’État auprès du ministre de l'Économie et des Finances et du ministre de l'Action et des Comptes publics, chargé du Numérique. 

Portant plus spécifiquement sur les questions de genre, elle s’appuie sur sept engagements permettant de créer un cadre de confiance définissant la façon dont les systèmes d’IA doivent être conçus et utilisés. 

Plusieurs acteurs présents lors de l’événement ont rejoint la communauté des signataires de cette charte : Batigere, Epsimo AI, Inquizyt, La French Tech Grand Paris, Saur, Talan, TUV Certification, Human Hall dell’Università delgli studi di Milano, Women in Tech. 

Le label GEEIS AI

Le label GEEIS AI (Gender Equality European & International Standard for an Inclusive AI) vise à certifier les intelligences artificielles, en garantissant que la conception de leurs algorithmes et le cadre de leur utilisation répond à des objectifs d’inclusion et d’égalité. Il s’agit du premier outil d’évaluation mondial de ce type.

Un trophée GEEIS AI a été remis à l'occasion de l'événement à la Banque de France et au groupe Orange pour leurs démarches.

Un réseau d’observatoires de l’IA au travail

Plusieurs institutions internationales telles que l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’UNESCO sont dotées d’outils d’observation du développement de l’intelligence artificielle et de ses impacts. Ces instances se sont réunies au sein d’un Réseau d’observatoires de l’IA au travail qui sera présenté à cette occasion.

Son but est de fédérer les principaux acteurs nationaux en partageant des recommandations et des outils au service d’une IA responsable et digne de confiance au travail. Il permettra de croiser les programmes de travail des différents acteurs et de permettre une meilleure complémentarité de ces travaux.

Vidéos

Revoir les échanges du matin sur YouTube

Revoir les échanges de l'après-midi sur YouTube

Pour aller plus loin

Le LaborIA

Créé en 2021 par le ministère du Travail et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), le LaborIA mène un travail de recherche pour analyser les impacts de l’intelligence artificielle sur le travail, les travailleurs, l’emploi et les compétences. 

Ce laboratoire a organisé une enquête exploratoire mêlant approches quantitatives et qualitatives pour mesurer la transformation progressive des usages face à l’IA. Le rapport de restitution formule des préconisations pour une intégration réussie de l’IA dans le monde du travail :

• S’appuyer sur le travail réel pour penser le rôle des intelligences artificielles ;
• Organiser un dialogue en continu permettant d’assurer une co-conception des systèmes ;
• S’assurer que l’IA demeure au service de la sécurisation des travailleuses et travailleurs ;
• Rendre l’IA « explicable », de façon à ce que tout utilisateur comprendre leur fonctionnement et les résultats qu’elles produit ;
• Intégrer la part d’imprévisibilité des bouleversements engendrés par l’IA et tirer les enseignements au fur et à mesure.

En savoir plus et accéder au rapport

Une étude inédite de l’OCDE sur le management algorithmique 

L’étude Algorithmic Management In The Workplace, publiée le 7 février 2025 par l’OCDE,  s’appuie sur une enquête inédite menée auprès de plus de 6 000 entreprises dans six pays : Allemagne, Espagne, États-Unis, France, Italie et Japon. Elle offre des enseignements sur les conséquences du management algorithmique et les mesures prises par les entreprises pour en réguler l’usage. 

Elle montre à quel point ce type d’outil est déjà couramment utilisé dans la plupart des pays étudiés. Elle tend à montrer que les cadres estiment que le management algorithmique améliore leurs décisions ainsi que leur propre satisfaction professionnelle, mais engendre des problèmes de confiance.

Accéder à l’étude

Les entreprises s'engagent pour une IA au service de l'inclusion en entreprise

La communauté « Les entreprises s’engagent» a remis à Astrid Panosyan-Bouvet son rapport L’intelligence artificielle au service de l’inclusion et de la diversité : levier stratégique ou défi pour les entreprises ? 

Résultat d'une enquête menée auprès de 40 entreprises, il permet de partager plusieurs enseignements et bonnes pratiques.

En savoir plus et accéder au rapport

Photos : Ministères sociaux / DICOM / Nicolo' Revelli-Beaumont  / Sipa Press