Quinzaine du parrainage vers l’emploi

(Loris Belleterre-Lepoudre prend la parole.)

Je m'appelle Loris.

Il y a deux ans, je ne faisais pratiquement rien. Je n’avais pas d'établissement scolaire et pas d'emploi, et dorénavant je suis en alternance en CAP cuisine et j'ai trouvé ma vocation.

Ah ! Je me vois chef ! Chef-cuisinier de mon propre restaurant ! J'espère.

J'ai toujours voulu faire cuisinier parce que je voyais ma grand-mère faire la cuisine. Ça me plaisait beaucoup. J'adorais regarder les gens manger avec plaisir.

Ma grand-mère me montrait comment bien préparer la viande. Quand je faisais une erreur, elle me reprenait, mais elle ne me reprenait pas comme un chef me reprendrait, elle me reprenait comme une grand-mère me reprendrait.

(On voit Joris préparer un plat).

On enfourne, et ça va griller doucement, ce sera incroyable !

(Loris reprend son témoignage.)

Moi, je viens d’un milieu qui n'est pas forcément aisé.

Quand j'étais en quatrième ou troisième, je me faisais beaucoup discriminer par rapport à ma couleur de peau, par rapport au manque de moyens que ma famille avait.

Au bout d'un moment, j'ai explosé et j'ai dit : « Non. J’irai plus. J’irai plus. Plus jamais. »

Via la mission locale, j'ai eu accès au dispositif parrainage-marrainage pour l’emploi et j'ai rencontré Denise Sicre.

La première fois que je l'ai rencontrée, elle m'a donné une impression de sérieux, qu'elle voulait vraiment m'aider.

(Dialogue entre Denise et Loris.)

Denise : Vous étiez près de l'emploi quand même.

Loris : C’est ça.

Denise : Il fallait juste réorienter un petit peu le projet. Ben bravo ! Moi je suis contente de votre réussite. 

Loris : Oui moi aussi, je vous remercie. Je vous remercie pour tous vos conseils, et votre aide. 

Denise : Avec grand plaisir. On va choisir une pâtisserie ?

(Denise témoigne.)

Loris, il m'a été adressé parce qu'il avait l'ambition de préparer un contrat d'alternance en électrotechnique. Comme je travaille chez Enedis, c’était assez naturel qu'ils l’orientent vers moi.

Il avait cet intérêt pour la cuisine. Donc j'allais dire, moi, je l'ai encouragé à aller dans cette orientation, notamment pour un contrat d'été, un contrat saisonnier. Et en fait, il a cheminé sur cette piste et il a abouti.

Moi je suis pas là en conseil, en fait. Je suis là pour, peut-être les orienter, leur permettre de s'interroger et trouver leur voie.

Sur les onze dernières années, j'ai accompagné 31 personnes, 31 jeunes. Il y a des accompagnements qui peuvent d'ailleurs s'inscrire vraiment dans une très longue durée, y compris après l'entrée en emploi.

Je pense à Abdel notamment. Je crois qu'il y a un an qu'il est en CDI et il est toujours en lien avec moi, et parfois, on peut échanger sur des problématiques qu’il peut rencontrer.

(Conversation téléphonique entre Abdel et Denise.)

Abdel : Bonjour Madame Sicre !

Denise : Hello Abdel !

Abdel : Vous allez bien ?

Denise : Oui ça va ! 

Abdel : Je vous appelle pour une question.

Denise : Je crois qu'on l'avait évoqué tous les deux : on dit qu'un chargé de projet, il est opérationnel au bout de trois ans. Ça fait combien de temps que vous êtes en emploi, Abdel ?

(Denise reprend son témoignage.)

Je pars prochainement à la retraite, mais pour autant, je vais continuer comme je le faisais auparavant, à être bénévole pour la mission locale. Je n’ai pas du tout envie que ça s'arrête maintenant.

Les filleuls nous font grandir en quelque sorte, nous font découvrir des fois des environnements ou des situations qu'on n'imaginait pas. Et en ce sens, ils nous apportent aussi, en tout cas moi, ils m'apportent. Ils m’apportent.

L'objectif principal, c'est de faciliter l'accès à l'emploi des filleuls que vous accompagnez, d'ouvrir les portes de l'entreprise, d'ouvrir son réseau aux futurs filleuls.

Ensuite, c'est aussi un dispositif de lutte contre les discriminations.

(Loris reprend son témoignage.)

Je suis très fier de moi parce que je n’étais pas... Je n’étais pas très souriant, pas très enjoué... Pas amoureux de la vie.

Je ne rigolais pratiquement jamais. Je ne souriais pas, je ne parlais pratiquement à personne. J'étais vraiment renfermé dans mon monde virtuel et donc je suis très fier de moi parce que j'ai totalement changé.

Un travail qui te passionne, qui fait que tu te lèves le matin en te disant : « je suis content d'aller au travail », ça c'est magnifique.