Lutte contre les discriminations : mise en ligne des résultats du 1er testing sur l’emploi et lancement d’une deuxième vague
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L’existence de discriminations dans l’accès à l’emploi, en particulier pour des habitants issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville est une des manifestations des inégalités qui sèment le doute sur les valeurs républicaines et sur l’efficacité de l’action publique. L’objectif du Gouvernement est de lutter activement et concrètement contre ces discriminations et cela passe d’abord par la mise en lumière des présomptions de discriminations.
Le ministère chargé de la Ville et du Logement a missionné en ce sens l’équipe de la fédération Théorie et évaluation des politiques publiques du CNRS pour la plus grande opération de testing jamais menée en France sur l’emploi.
Les processus de recrutement de 40 grandes entreprises tirées au sort parmi le SBF 120 (société des bourses françaises) ont été testés selon deux critères de discrimination: le lieu de résidence (adresse dans et hors d’un quartier prioritaire) et l’origine.
La discrimination a été mesurée par la différence des taux de réponses positives entre le candidat de référence et le candidat potentiellement discriminé. Sur l’ensemble des entreprises testées, il est estimé que le taux de succès du candidat dont le nom a une consonance maghrébine est de 9,3%, contre 12,5% pour le candidat avec un nom à consonance européenne. S’agissant du critère du lieu de résidence, le différentiel entre les candidats est moins significatif.
Ceci étant, deux limites méthodologiques ont été soulignées par les auteurs du test eux-mêmes et lors des échanges avec les entreprises :
- la majorité des tests ont reposé sur des canaux (candidatures spontanées) peu ou qui ne sont plus représentatifs du recrutement des grandes entreprises selon elles ;
- les postes testés ne sont pour certaines entreprises pas dans leur cœur de cible (technicien de maintenance et hôtesse d’accueil).
De ce fait, les résultats mettant en évidence l’existence de présomption de discrimination ne sont pas transposables à l’ensemble des canaux et processus de recrutement des entreprises concernées, pas plus qu’ils ne révèlent une volonté délibérée de discriminer certains publics. Il faut par ailleurs noter que la méthode scientifique retenue, qui repose sur des candidatures fictives, ne peut servir à caractériser des infractions pénales.
Sur la base de cette étude, les entreprises ont été contactées pour échanger sur les tests menés et leurs politiques RH en matière de lutte contre les discriminations.
Les limites méthodologiques de ce type de testing ne doivent pas en occulter la conclusion générale : les discriminations, volontaires ou non, peuvent exister dans notre pays, y compris au sein des plus grandes entreprises.
C’est pourquoi Muriel PENICAUD, ministre du Travail, Julien DENORMANDIE, ministre chargé de la Ville et du Logement et Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ont décidé de mettre en ligne cette étude, dans un souci de transparence, et de lancer une seconde vague de testing corrigeant les biais méthodologiques de la première vague en associant les parties prenantes à l’élaboration du cahier des charges, afin d’obtenir des résultats reflétant mieux les pratiques réelles des entreprises testées.
Cette nouvelle étude permettra de consolider les résultats et d’étudier les marges de progrès réalisés depuis par les entreprises. Elle couvrira l’ensemble des entreprises du SBF 120 sur 2 ans. Le cahier des charges du testing sera élaboré en ce sens, en concertation avec des associations engagées sur le sujet. Les résultats seront communiqués à l’automne dès que les analyses auront été produites par l’équipe en charge de les réaliser.