Cérémonie de passation de pouvoir | Discours d'Astrid Panosyan-Bouvet
Le 23 septembre 2024
Publié le |
Discours prononcé par Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l'Emploi, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs du 23 septembre 2024.
Seul le prononcé fait foi
Madame la Ministre, chère Catherine,
Mesdames et Monsieur les Ministres, chers collègues,
Mesdames et messieurs les hauts commissaires,
Mesdames et messieurs les délégués interministériels,
Mesdames et messieurs les directeurs de l’administration centrale,
Mesdames et messieurs les agents du ministère du travail et de l’emploi,
Mesdames et messieurs les députés et sénateurs,
Emma et Charlotte,
Chers amis,
Merci, chère Catherine, pour vos mots bienveillants et pour votre action résolue à la tête de ce grand ministère.
Tous mes vœux de réussite vous accompagnent au ministère du Partenariat avec les Territoires dont le rôle est indispensable à notre cohésion nationale.
Je suis très heureuse de m’inscrire dans vos pas de femme venant du monde de l’entreprise, de femme d’écoute et de dialogue, respectueuse du Parlement.
Merci au Président de la République et au Premier ministre pour la confiance qu’ils me font aujourd’hui.
Une confiance qui m’honore et qui appelle au courage, à l’action et à l’humilité.
Depuis sept ans, les gouvernements se sont beaucoup concentrés sur le plein-emploi.
C’était indispensable et les efforts entrepris ont commencé à payer.
C’est incontestable.
Cette bataille pour l’emploi n’est pas terminée.
Notamment pour les jeunes, les femmes qui ont des difficultés à trouver des modes de garde, les personnes éloignées de l’emploi par les aléas de la vie et les seniors.
Nous devons poursuivre les efforts de la réforme de France Travail ou de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA.
Et, sur cette dernière question, je me réjouis d’y œuvrer sans attendre avec toi, cher Paul Christophe.
Mais le plein emploi ne doit pas être la seule priorité.
C’est aussi ce que nous ont dit clairement les Français.
Le plein emploi n’est pas le travail.
Il ne dit rien de sa réalité individuelle et subjective.
Le travail, c’est un lieu de construction de l’estime de soi et du lien social. C’est le moyen d’une vie qui doit être digne et décente.
Et c’est par lui qu’on peut renouer avec la promesse républicaine : quand on travaille et qu’on respecte la règle commune, on doit pouvoir se construire une vie meilleure pour soi et ses enfants.
Quelques convictions guideront ma feuille de route.
D’abord, le travail doit payer.
Je l’ai déjà dit : le SMIC peut être un salaire d’entrée dans la vie active mais ne peut pas rester un salaire à vie. Il faut regarder la question des bas salaires.
Ensuite, il faut rendre la dernière réforme des retraites soutenable pour tous et répondre aux anxiétés qu’elle a générées, en particulier chez les femmes comme l’a rappelé le Premier ministre hier.
Travailler deux ans de plus dans un pays où, passé 55 ans, on a le sentiment qu’on n’a plus tout à fait sa place dans le monde du travail ou, quand le métier que l’on exerce n’est plus tenable - car oui il y a des métiers qui ne sont pas tenables toute une vie - peut apparaître comme très anxiogène.
En plus de l’attractivité des métiers, nous devons aussi lever les freins à l’accès au travail et aux mobilités professionnelles. Je veux parler ici d’apprentissage et de formation continue, de lutte contre les discriminations, d’égalité professionnelle et d’inclusion des travailleurs en situation de handicap.
Enfin, ce ministère ne doit pas être seulement celui des urgences et des crises.
Il doit aussi être celui de l’anticipation et des sujets au temps long, comme l’adaptation des métiers à l’intelligence artificielle ou à la transition écologique, la montée en gamme de notre économie vers la réindustrialisation ou vers le numérique, mais aussi les enjeux de productivité comme l’a souligné le rapport Draghi.
Je veux aussi incarner un changement de méthode, à l’image des propos du Premier Ministre. Comme il l’a souligné lors de sa prise de fonction, « personne n’a le monopole des bonnes idées ». J’ajouterais : personne n’a le pouvoir de relever seul les défis que je viens d’évoquer.
La réussite viendra de l’engagement de tous et de la volonté de chacun de trouver un chemin commun. En Scandinave que je suis par mes origines, je sais que le compromis n’est pas la compromission.
Je crois en la démocratie sociale et en la légitimité de la société civile et des partenaires sociaux, organisations syndicales comme patronales. De la part de leurs adhérents et leurs militants sur tous les territoires, ils ont des choses à dire de la réalité de notre pays et du monde du travail.
Ils ont un rôle prépondérant à jouer face aux défis qui se posent à nous.
Les liens se sont parfois distendus ces dernières années. Je m’emploierai à les restaurer et à les consolider.
Je suis aussi convaincue du rôle que l’entreprise peut jouer pour le plein-emploi et pour un travail de qualité. C’est un producteur de prospérité et de fiertés collectives, avec ses opportunités mais aussi ses contraintes économiques que je connais.
Transport, gardes d’enfants, logement… ce sont des enjeux du quotidien et des sujets de préoccupations majeurs en particulier pour toutes les femmes qui élèvent seules leurs enfants - très majoritairement des femmes exerçant des métiers que l’on dit essentiels.
Ce ministère, riche d’une grande histoire, ne pourra lever seuls ces freins périphériques à l’emploi. J’inscrirai donc mon action dans une démarche résolument interministérielle.
Je veux aussi avancer main dans la main avec les parlementaires car il nous faudra trouver des majorités de compromis.
J’aurais à cœur de mettre ce ministère au service des acteurs locaux économiques et sociaux qui veulent faire bouger les lignes dans les territoires en métropole et dans les outre-mer.
À cet égard, je me réjouis de continuer à travailler avec vous, chère Catherine.
Je veux être, vous l’aurez compris, la ministre de ceux qui travaillent, de ceux qui veulent travailler et de de ceux qui créent du travail.
Je veux leur redonner de l’espoir à chacun.
En cette journée de prise de fonction, j’ai une pensée pour Joshua, un jeune d’une mission locale de l’Oise qui m’a raconté son difficile arbitrage entre payer son loyer et les cours du permis de conduire qui lui permettaient de trouver une formation.
Je pense à Delphine, à Paris, avec qui j’ai échangé de très nombreuses fois ces dernières années et qui, en dépit de son expérience et de sa motivation, à 50 ans passés, n’arrive plus à trouver d’emploi à la mesure de ses compétences et de ses envies.
Je pense à Fabienne et Laurent, Caroline, Véronique et Laurent, du Collectif Familles : Stop à la mort au travail, dont les enfants sont morts au travail.
Je pense au dirigeant d’une grande usine de maquillage dans la campagne de Lassigny et à celui d’une PME de remorques industrielles dans la périphérie de Compiègne. Deux entreprises très différentes mais les mêmes difficultés de recrutement pour ces deux patrons extraordinairement dynamiques.
Je pense à Séverine et Angelica, aides à domicile à Caen, à Juliette, à Orvault, qui ne réussissent pas à vivre dignement de leur métier qu’elles adorent alors même que sans elles et toutes leurs collègues, ce sont des familles entières qui ne tiendraient pas debout.
Je pense à ces dizaines de salariés aidants familiaux que j’ai rencontrés - seuls ou auprès desquels les collègues et les entreprises se mobilisent.
Trop souvent, les ministres sont évalués à l’aune d’une énième augmentation de crédits ou d’une loi qui porte leurs noms.
Les temps changent et doivent être aujourd’hui à la capacité d’impact et à l’excellence dans l’exécution des politiques publiques.
C’est dans cet esprit que je souhaite que mon action soit jugée - et je la jugerai d’ailleurs moi-même - sur les changements que les travailleurs et les chefs d’entreprise verront dans leurs vies dans les mois et
les années à venir.
Je vous remercie.
Contact presse
sec.presse.te@travail.gouv.fr
Photo : Ministères sociaux/ DICOM/Anton Karliner / Sipa Press
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